Café d'amour

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Compagnie Soleil Glacé

ciesoleilglace@gmail.com // www.soleilglace.wordpress.com

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Café d'amour

Avec : Cecilia Aparecida Alvès
Texte et mise en scène : Paul Francesconi Costumes : Céline Delhalle et Séverine Prevel Décors : Ladislas Rouge

Production : Compagnie Soleil Glacé Co-production : en cours.
Projet Franco-Brésilien.

Durée estimée : 45 minutes

L'HISTOIRE

Baba, une vieille cuisinière hors pair, est seule à son commerce, au milieu d'une grande place traversée par le Monde. Elle vit les derniers jours de sa boutique, qu'elle va devoir fermer pour faillite économique et retraite anticipée.

Baba n'est pas une femme comme les autres. Mère courage du monde entier, séductrice, indépendante, combative, elle a visité la planète avec son commerce ambulant, pour apprendre toutes les recettes de cuisine du monde mais aussi pour partager sa spécialité, le Café d'Amour. Car Baba est aussi une ensorceleuse, qui sait faire naître la passion du fond d'un percolateur.

Nous vivons alors les derniers instants de son commerce. Il semble que celui-ci a survécu non pas grâce à la recherche du profit et de la rentabilité mais grâce à une curiosité du monde et une volonté d'offrir et de partager. Nous partageons ses peines, ses aspirations et ses combats. Nous partageons les derniers moments d'une forteresse que tout le monde pensait imprenable.

Car la violence du monde a eu raison du commerce de la vieille femme. Nous vivons donc avec elle la dernière semaine du Café d'Amour, entre abandon et résistance. Au crépuscule d'une telle entreprise, Baba résistera-t-elle une unique fois ou capitulera-t-elle devant la violence du monde ?

UN COMBAT POUR TRANSMETTRE

Madame Baba est une figure simple et pourtant nécessaire d'une lutte pour la place de ce qui est inutile et pourtant fondamental à la société. Se faisant dévorer par la Grande Distribution, Baba doit fermer son commerce, qui n'est plus d'aucune utilité de par le monde. Peut-être qu'elle même est trop vieille pour survivre et qu'il faut passer la main. Il n'empêche que le Monde a besoin d'individu comme Baba.

La cuisinière a commencé son travail après avoir rencontré un homme sorti de la mer et dont la pensée la hante encore à l'heure de ses vieux jours. Baba travaille par amour : elle partage sa cuisine. Elle tente de faire la sourde oreille à la violence du monde, qui est permanente autour d'elle. Elle joue également aux innocentes, car il s'agit d'une puissante sorcière qui sait séduire l'âme humaine. C'est après tout, une excellente commerçante.

Baba nous amène simplement à nous poser la question du combat que nous pouvons accorder à ces choses qui semblent minimes mais qui sont cruciales pour la société. Baba incarne la poésie, l'effort de compréhension de l'autre. Dans le texte, elle se laissera aussi gagner un moment par la violence, montrant que celle-ci est aussi un moyen de survivre et non pas un vice ancré dans la civilisation humaine.

Le texte se divise en sept journées, les sept dernières journée de Baba. Le texte, s'il semble construit simplement, ménage un mystère autour des agissements de la vieille femme. Sorcière ensorceleuse, sa vie est marginale et décalée, comme sa parole, qui cherche à transmettre ses recettes au delà des mots.

Ainsi, le spectacle que nous construisons s'adresse d'abord à la jeunesse et aux adolescents qui sont sur le point d'entrer dans la vie adulte. Madame Baba porte en elle la transmission et la capacité de délivrer son message partout, dans toutes les langues. Nous proposons un spectacle qui peut se jouer en classe, dans la cours, dans un centre de loisir...partout et pour tous.

NOTE D'INTENTION

Madame Baba est une partageuse. C'est la recette de son succès et de sa longévité. Notre mise en scène sera alors centrée sur cette dynamique, où le public sera pris à parti dans cet étonnant testament. Faudra-t-il sauver le commerce de Baba ?

L'essentiel de la mise en scène reposera sur le personnage de Baba, personnage composé comme un caractère de Commedia Dell'arte, vivant et captivant. Armée d'une énorme robe alourdie des tissus de toutes sortes et de toutes couleurs, elle prendra à elle seule l'espace. Est-elle une sorcière ? Est-elle la représentation folklorique d'une bahianaise ? Ou simplement un rempart coloré contre la violence du monde ? Madame Baba partira, avec son Café d'Amour, à la conquête du public. Elle sera tour à tour vendeuse, conteuse, militante et tragédienne. La comédienne fera varier les registres pour rendre ce seul en scène à la fois cruel, vif et coloré.

Madame Baba parle toutes les langues sans en parler une parfaitement. Sa volonté est avant tout de partager ses sentiments. Le travail que nous ferons sur la langue reflétera cet écart, posant une réflexion sur la notion de francophonie. Ne peut-on pas inventer son français pour partager avec les autres ?

La construction scénique se centrera autour d'un commerce ambulant, en bois et en toile, sur deux roues, chargé de nourriture et d'objets du monde entier que Baba a traversé. Étrangement petit, il ressemble à une boite magique d'où Baba retirera ses merveilles, ses secrets et ses espoirs. Il nous servira aussi de point central car la scène ne sera structurée que par ce volume. Il permettra, selon sa disposition, de devenir cette boutique mais aussi un rempart ou un petit bateau qui flotte sur les incertitudes de la vieille femme. Une radio sera disposée sur le commerce ambulant, comptant les jours restant de Baba, d'une voix étrange, presque caverneuse.

Notre spectacle sera transportable dans différents espaces : une place de ville, une salle de classe, une médiathèque, un véritable théâtre. Il aspire à l'itinérance, toujours généreuse. Baba se fera alors bonimenteuse : nous ferons appel à la magie moderne pour faire surgir de nulle part du café, des couteaux de défense ou un bateau qui coule.

Tous ces éléments constituent une forme courte, drôle et pertinente, à destination d'un public large. Elle s'inscrit dans la direction artistique de la Compagnie Soleil Glacé, qui cherche à produire un art populaire qui n'est pas sans exigence de poésie et d'ouverture sur le monde et sur ce que nous ne connaissons pas. Elle ne présente pas au public ce qu'il aime, mais ce qu'il pourrait aimer.

UN PROJET ARTISTIQUE ET PÉDAGOGIQUE

La particularité de ce spectacle est qu'il s'adapte aussi bien à un espace dédié au théâtre comme une salle de classe, un réfectoire ou une salle d'heure du conte pour la bibliothèque. Il a été conçu pour être itinérant et accessible.

Adressé aux adolescents à partir de 14 ans, la pièce a été conçu dans une idée de partage avec le public. La Compagnie Soleil Glacé l'a conçu forte de son expérience d'un Contrat Local d’Éducation Artistique dans les Villes de Drancy, Dugny et Le Bourget.

A la suite du Café d'Amour, un atelier d'initiation à l'écriture dramatique et au jeu pourra être proposé.

Les objectifs sont donc multiples encourageant les participants à être spectateurs puis acteurs de leurs propres textes.

  • La représentation durant 40 minutes, il sera possible ensuite aux élèves de rencontrer la comédienne ainsi que l'auteur/metteur en scène.

  • Suite à cela un atelier d'écriture créative peut démarrer, reprenant les thèmes de la pièce et encourageant les élèves à participer.

  • Puis en dernière partie, une activité ludique proposera de « mettre en espace » et en jeu, les textes écrits par les participants.

  • Il y a donc ici une transmission qui se fait de la parole et du jeu théâtral, incitant les participants à écrire leur propre monde, porté par l'énergie de Baba.

  • Différentes possibilités peuvent s'imaginer avec les équipes municipales ou les partenaires potentiels pour rendre la proposition encore plus pertinente.

    Parmi les thèmes que nous pouvons aborder, ceux-ci sont multiples : la magie, l'engagement, le rêve, la violence du monde, l'amour...qui sont des thèmes que Baba invoque et questionne. Enfin, la comédienne n'étant pas française, ce spectacle est une occasion de se poser la question de la francophonie et de l'invention de la langue française : Baba parle une langue qu'elle seule parle et que tout le monde comprend. Qu'est-ce donc que parler le français aujourd'hui ?

LA COMPAGNIE SOLEIL GLACÉ

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La Compagnie Soleil Glacé œuvre pour un théâtre poétique et essentiel, qui cherche une manière intime d'écrire et d'apprendre à écrire à ses spectateurs « un monde nouveau, sans murs, peuplé de gens étranges".
Elle recherche d'un théâtre imaginaire, qui puise dans les traditions de l'acteur pour être résolument moderne.
Elle enseigne le théâtre, l'écriture dramatique et les valeurs de l'ouverture sur le monde.
Sa volonté est de visiter cette planète, seulement cette planète.

LES CRÉATIONS 2016/2018

TI JEAN

Création 2016 – Théâtre de l'Opprimé
En France métropolitaine
Texte et mise en scène : Paul Francesconi Avec Martin Jaspar.

Projet soutenu par le 100ecs.
Production : Compagnie Soleil Glacé, Festival 12X12, le 100ecs, Théâtre de la Ferme Godier – Issue de Secours, Théâtre du Grand Marché – Centre Dramatique de l'Océan Indien

MON AMI N'AIME PAS LA PLUIE

Création 2017/2018 En France et en Côte d'Ivoire Texte : Paul Francesconi (édité chez Lansman) Une création de Fargass Assandé, Odile Sankara, Paul Francesconi, Michel Bohiri, Yaya Mbile-Bitang Co-production: Théâtre de l'Union-CDN de Limoges, Comédie de Saint-Etienne - CDN, Théâtre de Dijon-Bourgogne-CDN, Comédie de Valence – CDN, Compagnie N'zassa, Compagnie Soleil Glacé

KAL

Création 2018/2019
Entre la France et l'Île de la Réunion
Un spectacle de Paul Francesconi, Elsa Dupuy, Chloé Lavaud et Martin Jaspar. Co-production : Théâtre de la Ferme Godier – Issue de Secours, DRAC île de France, Le Département de Seine-Saint-Denis, Les Bambous – Scène conventionnée de Saint Benoit, le Théâtre de l'Union – CDN du Limousin

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LA DISTRIBUTION
CÉCILIA APARECIDA ALVES (JEU)

Cécilia Alves est originaire de Rio de Janeiro,
au Brésil. A 16 ans, elle obtient son premier
contrat professionnel. Elle intègre
l'Université Fédérale de Rio de Janeiro en
études dramatiques et art du masque. Elle
travaille dans la troupe de théâtre
Afroeggae Theatre Troupe (Théâtre
Expérimental et Social d'assistance aux
communautés exclues des favelas : actions
dans les écoles et dans les quartiers)
pendant 10 ans, où elle joue
professionnellement dans tout le Brésil. Elle
travaille également dans la compagnie 
Nos
do Morro 
et dans le collectif Arte Casarao.
Elle joue également à de nombreuses
reprises pour le cinéma et la télévision. Elle a l'occasion de joue hors du Brésil, en Europe (Londres, Manchester, Liverpool, Stradford, Berlin, Hambourg). Elle fait également un stage à la Royal Shakespeare Company. Après un master Théâtre Parcours Scène du Monde à Paris 8, elle travaille avec plusieurs compagnies française et participe en 2017 au Cycle de lecture du Théâtre Contemporain Brésilien

PAUL FRANCESCONI (TEXTE/MISE EN SCÈNE)

Paul Francesconi est originaire de la Réunion. Diplômé de SciencesPo Paris, il se forme à l'art dramatique au Laboratoire de Formation au Théâtre Physique (direction Maxime Franzetti).
Comme 
auteur, il écrit en 2014 sa première pièce Mon ami n'aime pas la pluie, qui obtient le prix des Inédits d'Afrique et Outre Mer (Postures, La Ferme Godier, Le Tarmac). Elle est aujourd'hui éditée chez Lansman, tout comme deux autres de ces textes, Kal et Ti Jean (2017)Il est accueilli en résidence notamment à la Ferme Godier, au Centre des Écritures Wallonie- Bruxelles, à la Chartreuse-Centre national des écritures du spectacle ou encore à la Métive en Mars 2018. Il reçoit des commandes d'écriture dontLys, d'après Lysistrata d'Aristophane, mis en scène en 2015 par les élèves sortants du CFA d'Asnières ou encore La Disparition du Soleil pour la Compagnie Yaota.

Comme metteur en scène, il adapte en 2011 et met en scène Dans la cour

de la Famille Liu de Lao She pour les Collégiades de Sciences Po Paris. En 2014, il met en scène Ode Maritime, opéra cosmique autour de la poésie de Fernando Pessoa. En 2015, après la rencontre de Fargass Assandé et de la Compagnie N'zassa, commencent à Yopougon les premières répétitions de Mon ami n'aime pas la pluie, un spectacle entre l'Afrique et la Côte d'Ivoire, qui sera créé en Avril 2018 au Théâtre de l'Union-CDN du Limousin. En 2016, il écrit et créé Ti Jean au Théâtre de l'Opprimé et tournera au Théâtre du Grand Marché - CDOI. Pour 2019, il prépare Kal, une pièce franco-réunionnaise.

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(Au milieu d'une grande place, au coucher du soleil. Tout peut être dangereux.
On sent l'odeur de la mer, au loin. On l'entend aussi. Baba est seule à son commerce. Lascive.

Elle ne fait rien.)

Toi.
J'ai vu ton regard, en coin.
Tu es passé trois fois devant ma boutique
Ne soit pas timide.
Je t'ai vu.
Tes yeux sur le côté, qui piquait, ta gorge coincée, comme si tu avais le hoquet,
tu me regardes, tu me manges
comme du piment,
ça te pique, ça te pique,
et ça te fait mal et ça te fait du bien
et à moi aussi,
comme une fleur qu'on viendrait butiner,
vous les abeilles,
toi, le frelon,
pour polliniser le monde avec Baba !
Oseras-tu
te piquer à moi ?
Ton père et ta mère voudront-ils de moi ?
Trop vieille, trop mauvais genre, trop expérimentée ? Ce que je cuisine n'entrera pas chez toi.
Je m'en rends bien compte.
As-tu pensé ?
As tu été secoué ?
Comme moi, j'ai été secouée ?
Crois-moi, le nombre de clients qui passent
m'ont secoué,
tout ce monde dans ce monde,
a traversé cette place.
J'ai été secouée, vous savez.
C'est pour ça que j'ai commencé à cuisiner.

(...)

EXTRAITS DU TEXTE

(Elle s'arrête de couper la viande)

J'ai mal aux mains.
J'ai trop coupé de viande, transporter ma boutique, lutter contre les voleurs, frappé à mains nues.

Sur cette place, violente,
tellement violente qu'on se doit de rester éveillé toute la journée.
Tout le monde ressemble à un voleur.
Vous avez des têtes de voleurs.
Ne croyez pas
que tout ceci est normal,
que le monde soit si violent qu'on ne peut plus se promener.
La misère et la richesse extrêmes amènent simplement cela.
Les mêmes ventres pourtant
mais la violence.
Je l'ai vu grandir, année après année, dans toutes les grandes places, à travers le monde. Il n'y a plus d'endroits où dormir librement
si on ne peut pas s'endormir dans un chez soi.
La nourriture reste la même et la terre devient un enfer.
Mes mains sont fatiguées de cuisiner pour des ventres vides,
et vides et silencieux,
qui ne reconnaissent plus le goût de mes plats,
et ils veulent
fermer ma boutique.
C'est la violence !